- Les démarches administratives découragent les demandeurs de logements et d'aides sociales par leurs nombreux seuils d'accès. Passer cette barrière administrative peut prendre entre un et six mois, et demande d'être très patient et rigoureux, ce qui décourage les sans-abris et autres personnes en difficulté qui les voient comme une épreuve insurmontable, aussi appelé "le parcours du combattant".
- Le programme du Housing First, qui a fait ses preuves notamment aux Etats-Unis, et en Finlande, propose une approche alternative dans l'aide de la personne sans-abris. Cette approche est centrée sur la personne selon ses difficultés et problèmes (financiers, relationnels, médicaux, mentaux,...) et cela sans jugements. La personne sera suivie de très proche, constamment (jusqu'à 24h/24), mais selon son rythme, ses besoins et ses capacités d'adaptation face aux changements. Le processus: le sans-abris est approché dans la rue, et quand une relation de confiance se crée le sans-abris est pris en charge, et mené pas à pas, au rythme qu'il souhaite/peut suivre, et seulement s'il en a envie. Une équipe de médecins, psychologues, assistants sociaux, etc encadrent le sans-abri afin de l'aider à se reconstruire et se remettre sur un droit chemin. Le logement dont le ex-sdf a droit n'est pas soumis à des conditions sévères, contrôles, règlements et laisse ainsi une certaine liberté et facilité d'autogestion du nouvel habitant. Le programme de Housing First fait donc des miracles, en sortant de la rue des personnes dans les pires conditions imaginables, et en leur redonnant une vie à laquelle tout humain a droit. Aussi incroyable que cela puisse paraître, aider ce type de personne coûterait moins cher à l'Etat que de les laisser dehors, sans abris, sans travail, sans soutient, et de les aider seulement dans l'urgence.
- L'évaluation du pour et du contre l'habiter en communauté ou isolé. Cela dépend évidement des personnes, certains ex-sans abris se sentent moins à l'aise à se retrouver dans un immeuble avec des personnes "normales" qui souvent ont des préjugés. Certains préfèrent habiter en communauté car ils peuvent s'aider mutuellement, et se soutenir dans cette transition, mais parfois la vie en commun est stressante et peut créer des conflits. Certaines personnes qui réussissent à entrer en logement en ressortent rapidement car les responsabilités ((factures, organisation, propreté, la vie seul, perte de repères) lui semblent trop lourdes.
- La légende urbaine: Le sans-abris habite dans la rue par choix. Non, le sans -qui refuse de l'aide n'est pas pour autant heureux dans la rue. Il a simplement peur, ou est découragé face aux démarches administratives à franchir. Donc sortir de la rue en 72H n'est pas une utopie. Par contre, ce qui freine ce phénomène sont le manque de logements disponibles pour accueillir tous les demandeurs, les coûts élevés pour payer ces logements, et la discrimination.
- (S'il faut le rappeler...) Les sans-abris sont des êtres humains comme nous et ont droit à un logement digne, un logement beau, fonctionnel, pratique et ergonomique. Ce n'est pas parce qu'on est pauvre que l'on n'a pas droit à un beau chez-soi! L'espace doit être simple à entretenir (surfaces, mobilier, matériaux faciles à nettoyer). Il faut tenir compte du fait que certains ex-sans-abris ont des problèmes médicaux et/ou mentaux donc pourraient avoir envie de casser/abîmer (-> mobilier robuste, nettoyable,), pourraient avoir une mobilité réduite (-> accès facilité, poignées dans la sdb,...), pourraient avoir des malaises (relâche du corps) et tomber (-> pas de coins, mobilier anguleux...). Sans pour autant faire une chambre d'hôpital stérile! Le logement devrait être gai, vivable, pratique et laissant place à l'habitant de s'exprimer, de se l'approprier. Il faut réfléchir aux services, espaces communs, pharmacie/infirmerie? Salles de discussions avec les accompagnateurs/aides sociaux, espaces pour les chiens/autres animaux (toilettage, "garderie pour chien").
- Conseils plus pratico-pratiques: les sans-abris peuvent avoir des difficultés a jeter leurs déchets, et encore plus à trier leurs déchets. Il est donc essentiel de rendre ce tri le plus facile et évident possible.
Ils préfèrent dormir par terre, proches du sol que trop élevés (mezzanine, lit rehaussé), dû à leur passé.
Il faut penser aussi a la sécurité dans le logement: cuisinière électrique plutôt que gaz? Facile a nettoyer (surfaces et matériaux facilement nettoyables, peu de recoins), locaux pour les chiens (petits et gros) (toilettage, salle pour les garder, les brosser, les laver), les rangements, espaces pour laver le linge, pour le sécher,...
Les logements peuvent-ils être participatifs?, Comment équilibrer les espaces communs et privés? Les sdb et cuisines sont plus faciles à gérer si personnelle à chaque logement/habitant. Laisser une certaine liberté aux habitants (modulabilité, appropriation et décoration personnelle possible) pour qu'ils ne se sentent pas oppressés, et chez soi.
Livre utile: "Sortie de rue", par Sébastien Lo Sardo.